LA DÉMARCHE DE L’ARTISTE

Mon amour des lieux et du voyage est au cœur de ma pratique artistique. Partout où je vais, mon carnet de voyage est mon fidèle compagnon — à la fois carnet de croquis, journal et livre de mémoire. Il conserve dessins, notes, impressions et fragments du monde : la lumière à une heure précise, la texture d’un rocher, les noms des lieux et des personnes rencontrées en chemin. Que je roule sur de petites routes de campagne, que je chemine à travers les montagnes, que j’arpente des plages infinies ou que je gravisse des falaises battues par le vent au bord de la mer, je recueille sensations et souvenirs qui deviennent plus tard les fondations poétiques de mes peintures.

De retour dans mon atelier, je m’immerge dans ces impressions. Je commence à peindre les grandes lignes de l’esprit de chaque lieu, faisant fondre la cire au chalumeau pour que les couleurs se fusionnent, ou la laissant s’écouler librement sur le panneau, guidée par la gravité, formant des formes et des textures inattendues. Au fur et à mesure que je travaille, les détails s’effacent, ne laissant que ce qui perdure vraiment — l’horizon, l’immensité de la nature, un arbre solitaire, ou le rythme de la lumière et des couleurs qui parle à l’âme du paysage.

Je travaille à l’encaustique, une technique ancienne utilisant de la cire d’abeille fondue, de la résine de damar et des pigments sur du bois de cerisier sauvage — le même procédé que les Grecs et les Égyptiens utilisaient il y a plus de 2 000 ans. Chaque couche de cire retient lumière, texture et profondeur, permettant à l’œuvre de respirer et de rayonner de l’intérieur. À travers ce médium, je célèbre l’équilibre lumineux de l’eau, de la terre et du ciel, du champ et de la forêt, du paysage et de la vie. Ces dernières années, des animaux tels que lapins, manchots et oiseaux sont apparus dans mes œuvres — non pas comme des portraits, mais comme des présences vivantes incarnant liberté, instinct et notre lien commun avec le monde naturel.

Au-delà de la représentation, mon art naît d’une connexion viscérale au lieu et à la présence — une exploration de la manière dont mémoire, mouvement et matière se rejoignent. Mon processus est à la fois méditatif et physique, ancré dans l’attention, l’empathie et le soin.

Par l’art, nous nous relions tous — à la mémoire, à la nature et les uns aux autres. Chaque peinture est une invitation à faire une pause, à ressentir et à redécouvrir l’énergie lumineuse qui nous relie tous.


LA TECHNIQUE DE L’ARTISTE

Peinture à l’Encaustique

L’encaustique est un art ancien — une peinture lumineuse à base de cire, composée de cire d’abeille, de résine de damar et de pigments purs. Ses origines remontent aux Grecs et aux Égyptiens, qui utilisaient ce même procédé il y a plus de 2 000 ans pour créer des œuvres qui rayonnent encore aujourd’hui de couleur et de lumière.

Dans mon atelier, je poursuis cette tradition intemporelle. Je prépare chaque lot de peinture à l’encaustique à la main, en commençant par de la cire d’abeille pharmaceutique 100 % pure, filtrée sans produits chimiques, que je mélange avec de la résine de damar de qualité Singapour, issue d’un arbre naturel. Dans ce médium en fusion, j’incorpore des pigments finement broyés, donnant naissance à un spectre de teintes riches et lumineuses. Le résultat est une peinture vivante — respirante, lumineuse et profondément tactile.

Sur ma palette chauffante, la cire reste fondue, prête à être guidée. Je l’applique au pinceau ou la laisse s’écouler librement sur la surface du bois de cerisier sauvage. À l’aide d’un chalumeau, je fusionne chaque couche à la suivante, liant la couleur par la chaleur — l’essence même de l’encaustique, du grec enkaiein, « brûler pour fixer ». C’est une alchimie d’éléments : cire, pigment, bois et feu, qui convergent en une forme vivante.

La Surface Vivante de la Cire

Opulente et intemporelle, l’encaustique est sans doute le médium le plus sensuel de tous. Elle peut être polie jusqu’à un brillant miroir, sculptée, gravée, superposée, collée, moulée ou modelée. Elle durcit instantanément en refroidissant, mais peut toujours être réactivée au contact de la chaleur.

La cire est son propre vernis — naturellement protectrice et durable. La cire d’abeille étant imperméable à l’humidité, les œuvres à l’encaustique n’ont besoin ni de verre ni de vernis. Un léger polissage révèle un éclat profond, intensifiant la saturation et la luminosité des couleurs.

Non jaunissante et pure, la cire conserve sa clarté au fil du temps. Si elle est conservée dans l’obscurité, elle peut légèrement foncer, mais lorsqu’elle est exposée à la lumière, elle retrouve son éclat originel — comme si elle se souvenait du soleil.

Et comme aucun solvant n’est nécessaire, le procédé reste fidèle à la nature — pur, élémentaire, et vivant, imprégné du parfum subtil de la cire d’abeille.

Intemporelle. Naturelle. Durable.

En collectionnant une œuvre à l’encaustique, vous n’acquérez pas seulement un tableau — vous embrassez une tradition ancienne, une fusion lumineuse de feu et de cire qui perdure depuis plus de deux mille ans. Intemporelle. Naturelle. Durable.